La crise de succession au comté de Flandre
suite au meurtre de Charles le Bon
* 1127-1128 *
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entre les deux rois. .
Les événements en Flandre sont les derniers faits qui opposent Henri Beauclerc et Louis le Gros.
Les événements décrits ci dessous sont développés en BD dans le tome dernier de la série L'Epte des vikings aux plantagenets. "Mort en Flandre"
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Reconstitution de BRUGES
en bas de cette page.
Le meurtre de Charles le Bon, comte de Flandre, en 1127,
nous est connu dans les moindres détails. Relaté par un clerc, Galbert qui appartenait à l'administration comtale localisée à Bruges, il débouchait sur une crise qui perdura près de deux années et sur un véritable bain de sang.
Cette situation géographique favorise le commerce et la bourgeoisie est puissante, bien mieux que partout
ailleurs à la même époque. L'émancipation des villes et cités créé une nouvelle classe. En effet, les cités confient à leurs prévôts de véritables contre pouvoirs, ceux ci s'appuient sur un réseau familial et d'amis. Ils deviennent si puissants que, suspectés par le comte de s'être enrichis en pleine disette, le prévôt de Bruges et sa famille assassinèrent ce dernier.
Situation géographique et économique du comté :
Le comté est situé à cheval sur le royaume de France et le Saint Empire germanique, Il est proche de L'Angleterre et certains comtés dépendants de la Flandre ont des attaches familiales avec le roi d'Angleterre.
C'est Galbert de Bruges, sans doute clerc dans l'administration du comte de Flandre qui relate les faits au jour le jour.
Cette situation géographique favorise le commerce et la bourgeoisie est puissante, bien mieux que partout
ailleurs à la même époque. L'émancipation des villes et cités créé une nouvelle classe. En effet, les cités confient à leurs prévôts de véritables contrepouvoirs, ceux ci s'appuient sur un réseau familial et d'amis. Ils deviennent si puissants que, suspectés par le comte de s'être enrichis en pleine disette, le prévôt de Bruges et sa famille assassinèrent ce dernier.
Un nouveau comte fut imposé aux flamands, Guillaume Cliton, prince et héritier déchu du duché de Normandie par son oncle Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre. Guillaume Cliton beau-frère également du roi des Francs, Louis le Gros, car il a épousé la sœur de l'épouse du roi.
Louis VI l'impose comme comte de Flandre, mais c'est sans connaître la rancoeur tenace qu'oppose le roi d'Angleterre à son neveu. Celui-ci décrète un embargo commercial sur la Flandre et favorise, par des pots de vins importants, les révoltes à l'autorité du nouveau comte et/ou le recrutement de mercenaires par les autres prétendants.
Les phases de la crise de succession de Flandre.
L'assassinat du comte, le 2 mars 1127
La chasse à l'homme pour punir les assassins du 7 mars à mi-mai.
La nomination du nouveau comte sans grand rival le 30 mars.
Ces deux phases se faisant simultanément.
La révolte qui éclate dès février 1128.
Les trois premiers points ont été suffisamment évoqués par de nombreux et d'excellents livres récents. En voici cependant un résumé :
Le 2 mars, Charles le Bon et le châtelain de Bourbourg qui était au coté du comte sont assassinés dans une église par les hommes du prévot Bertulf.
La machination pour écarter Charles le Bon sans risque pour ses assassins faillit bien réussir, en effet entre le 2 mars et le 7 mars, chanoines, clergé et doyen de Bruges sont plutôt conciliants.
Mais le 7 mars, arrive un événement que Bertulf et les siens n'ont pas prévu. Gervais, chevalier de son état, appelle à la punition des coupables et avec une poignée d'hommes s'attaque à leur poursuite en ameutant le peuple de la cité.
Guillaume d'Ypres, prétendant à la couronne comtale, avait vu la une aubaine pour lui et avait envoyé un messager aux coupables, un peu avant cette date. Il se ravisera très rapidement et quelques jours plus tard, pour faire oublier le risque qu'on l'associe aux coupables, proposera des récompenses à qui les lui ramènera.
Dans les quelques semaines qui suivent l'assassinat du comtes la plupart des protagonistes seront châtiés, y compris ceux que la foule des Brugeois pense innocent comme Charles l'enfant que Louis le Gros mettra à mort en cachette contre l'avis des Brugeois.
Alors les événements s'enchainent rapidement, le siège commence le 9 mars, les coupables se sont refugiés dans le castrum, puis dans l'église, car la castrum est pris le 19 mars.
Le commandidaire du meurtre a toutefois réussit à fuir, trois jours avant la prise du site.
Le 20 mars, Louis le Gros se déplace en personne et arrive à Arras, et annonce que Guillaume d'Ypres, ne peut pas être légitime parce " qu'il est bâtard, né d'un père noble et d'une mère non noble qui n'a cessé, sa vie durant, de carder la laine."
Le 24 mars, une rumeur parvient que le roi d'Angleterres soutient Guillaume d'Ypres comme prétendant légitime à la couronne comtale.
La course est dès lors engagée entre Henri Beauclerc et Louis le Gros.
A Arras, le 30 mars, Louis impose son candidat, Guillaume Cliton, héritier déchu de la Normandie par son oncle, le roi d'Angleterre qui tient toujours le père du jeune Guillaume, Robert Courteheuse en prison.
Parmi les seigneurs flamands qui ont reconnu Guillaume, figure Iwan, frère de Baudoin d'Alost.
Cependant Guillaume de Loo, seigneur d'ypres marque un point important le 11 avril, car on lui remet le prévot Bertulf qu'il va châtier en public en son fief.
Le 14 avril, l'armée de Louis le gros aide les bourgeois de Bruges menés par Gervais à pénétrer dans l'église St Donatien. La reddition n'est pourtant pas encore pour ce jour là, car les coupables tiennent encore la tour de l'église.
Pendant un mois, les assassins du comte vont résister dans l'église Saint Donatien à l'architecture particulière.
Les faits décrits sur la planche sont relatés avec précision par Galbert de Bruges. (Voir la fin de l'article)
Dans le même temps, mi avril, deux prétendants se manifestent.
Guillaume de Loo qui s'est réfugié à Aire et a fait fortifié les châteaux à l'ouest du comté, dans une région toute proche du comté de Boulogne, en se proclamant comte de Flandre et Baudoin de Mons, comte du Hainaut qui pénétre dans la cité d'Audenarde à l'est du comté.
Le 19 avril, les assiégés se rendent et seront punis avec sévérité et le 22 avril le comte Charles le Bon reçoit enfin une sépulture décente.
Dès le lendemain , La priorité pour Louis le gros devient donc de s'emparer Guillaume de Loo (d'Ypres), ce comte gênant, il met le siège devant Ypres et le 26 avril ce dernier est capturé et envoyé en prison à Lilles.
Fin avril, Guillaume Cliton de son coté marche sur Audenarde, Baudoin de Mons opère alors un repli en son comté de Hainaut. Le nouveau comte de Flandre est rejoint par le roi Louis à Audenarde le 1 er mai.
Mi-mai, Louis le gros retourne en son royaume.
Et le vainqueur mourut
Tragique destinée que fut celle de Guillaume Cliton, fils du duc de Normandie, Robert Courteheuse.
Né en 1102, sa mère meurt peu après sa naissance. En 1106, son père, trahit par Robert de Bellême lors de la bataille de Tinchebray, est emprisonné en Angleterre, Guillaume a alors 4 ans et ne reverra jamais plus son père. Quatre ans plus tard, alors qu'il semble menacé de mort par son oncle le roi d'Angleterre, Henri Beauclerc, il est tiré des griffes de celui-ci par Hélie, châtelain de St Saens qui abandonne son château et s'enfuie avec le jeune prince...
Quelques années plus tard, de nombreux barons normands soutiennent sa cause, le jeune prince est en effet attachant, il trouve un second protecteur en la personne du roi de France, Louis, sixième du nom.
Louis VI, sait que la plupart des barons normands soutiendront le jeune Guillaume. Dès lors, le cauchemar du roi d'Angleterre devient son neveu.
Henri est obligé de combattre une coalition qui comprend également les armées du roi Louis. La frontière normande perce, Louis prend Andeli, cette première révolte va durer de février 1118 à Août 1119, des premieres escarmouches sur l'Epte à la bataille de Brémules.
Tout d'abord, la chance semble être du coté de Louis et Guillaume Cliton qui prennent plusieurs cités en Normandie, ce succès relatif sera stoppé net à Brémules ou Guillaume fait ses premières armes.
Le roi d'Angleterre ne sort pas indemme non plus, son seul fils Guilaume (lui aussi) Adelin meurt dans le naufrage de la Blanche Nef en novembre 1120.
L'héritier d'Angleterre mort, on pense qu'Henri va se réconcilier avec son neveu. Mais rien n'y fait Henri se remarie pour avoir un second héritier, en vain. Une deuxième révolte éclate, en 1123 et certains barons qui n'avaient pas pris part à la première sont de la partie. Mais dans l'adversité, Henri excelle, il occupe le roi de France par une opération de diversion à l'est du royaume, et mate encore une fois les rebelles en 1124.
Bataille de Brémules, extrait de l'album
tome 3 - Deux Guillaume pour un Duché.
Ce n'est pas la première
fois que Louis le Gros et
Henri Beauclerc s'affrontent
Pour en savoir plus
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Dans le même temps, Guillaume a épousé la fille de Foulque d'Anjou, mais Henri sollicite son cousin, le pape Calixte qui cassera le mariage pour consanguinité. Louis le gros, n'a plus qu'à donner un fief à son protégé, début 1127, il le marie à sa belle soeur. Devenu beau frère du roi, Guillaume Cliton devient Comte de Vexin, à la frontière normande. Quand Charles le bon, comte de Flandre meurt, Louis n'hésite pas. Guillaume qui est en effet le petit fils de Mathilde de Flandre est tout aussi légitime qu'un autre. Henri, roi d'Angleterre, ne voit pas cela d'un bon oeil, son neveu comte de Vexin et de Flandre, est un danger pour la Normandie...Dans l'ombre celui-ci va tout faire pour que le comté de Flandre lui échappe. Chacun a déjà des pions sur l'échiquier, un autre neveu d'Henri, Etienne est en effet comte de Boulogne depuis peu, Godefroi de Louvain est également beau-père du roi d'Angleterre. Du coté du roi de France, l'évêque de Tournai est le cousin de Louis, tout comme le puissant comte de Vermandois, enfin le fidèle Hélie reçoit le comté de Montreuil...
Avant de narrer la succession d'événements qui secouent la Flandre en 1128, il est temps de connaitre qui sont les prétendants à la couronne comtale.
Peut être le Meurtre de Charles le Bon
Source inconnue
Enluminure du ??
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arbre généalogique
des prétendants.
Nous avons analysé les déplacements et batailles livrées par Guillaume Cliton et ses challengers.
Si indéniablement l'année 1128 commence très mal pour lui, militairement chaque coup qu'il porte fait mouche.
En 1128, trois prétendants revendiqueront le comté. Déjà l'année auparavant, nous l'avons vu, Guillaume Cliton s'est débarrassé du seigneur d'Ypres, avec l'aide, il est vrai, de Louis le Gros.
En 1128, cela fait plusieurs mois que le roi d'Angleterre à décidé un embargo maritime de la Flandre. On ne sait pratiquement rien sur l'efficacité de celui-ci car Galbert oublie plusieurs mois dans sa narration. Un seul fait concernant un mouvement d'humeur des Lillois le 1er Août 1127...
Un autre événement, en octobre, la mort de Baudoin, seigneur d'Alost, Iwan son frère en profita pour s'emparer de la châtellenie. Iwan était ambitieux et allait quelques mois plus tard faire parler de lui. Ensuite Galbert se transpose en Fevrier 1128.
On peut supposer que le nouveau comte fait face à une situation économique catastrophique, car l'embargo est presque total, Au Nord la comtesse de Hollande qui tient pour son frère Thierry dit d'Alsace, à l'est le duché de Brabant dont le duc n'est autre que le beau-père de Henri d'Angleterre.
et les quelques lignes écrites par Galbert évoquent des levées d'impots, qui en période de vaches maigres ne sont pas populaires auprès du peuple.
Attaqué de toute part.
Le 3 février, Arnould, le candidat sans doute choisit par le roi Henri, arrive à St Omer, salué par la foule. Il est le fils d'une soeur de Charles le Bon.
Le comte de Flandre ne peut tolérer que l'agitation monte et se déplace en personne à Saint Omer, compte tenu de la distance, et aussi de la préparation de son ost, il arrive en vue de la cité entre le 6 et le 9 février. Arnould, impressionné par la puissance de l'ost du comte, abandonne les habitants de St Omer à leur sort et se replie sans doute dans le comté de Boulogne, chez Etienne de Blois, neveu du roi d'Angleterre. Cliton repart sur Bruges ou il arrive entre le 10 et 12 février.
Seulement, son départ de Bruges vers St Omer, ont donné des idées à d'autres. De plus, obligé de lever des impôts pour garder une troupe importante, les gantois se révoltent à leur tour.
L'insurrection du 16 février apparaît à ce moment là comme un mouvement d'humeur face au chatelain nommé par le comte dans le château de Gand. Guillaume Cliton, avec moins d'hommes qu'à st Omer prend le chemin de Gand. C'est alors qu'Iwan d'Alost accompagné de son cousin Daniel de Termonde, prend la parole au coté des bourgeois de la cité. Il n'est plus question ici de Tonlieu (impôt médiéval), le discourt d'Iwan est clair "s'il apparaît que vous êtes indigne, parjure,...quittez le comté et laissez nous le confier à un homme capable et qui y a droit" .
Devant le nombre de bourgeois, le comte défie son contradicteur en duel, mais parce qu'il le sait bon soldat, Iwan qui est bien entouré alors que le comte n'a sans doute qu'un faible effectif en plus de la garnison du châtelain, refuse et demande au comte de convoquer sa cour à Ypres pour y être entendu par une assemblée de nobles et de bourgeois afin qu'elle juge l'action du comte.
Il est clair qu'Iwan a du soutien, ce dernier a parjuré sans hésitation, en effet, il était parmi les premiers nobles à reconnaitre Guilaume Cliton, comte de Flandre avant même le vote des bourgeois de Bruges en mars de l'année précédente.
Le comte rentre à Bruges et se prépare à mettre la main sur les deux meneurs Iwan et Daniel, car rendez -vous est pris pour le 8 mars à Ypres. Chacun se prépare, Guillaume Cliton a capturer les meneurs, Iwan et Daniel à gagner du temps pour le candidat qui pourra favoriser leur ascension : Thierry D'Alsace qui parviendra sans encombre à Gand le 11 mars, l'entrevue prévue à Ypres, était sans doute un leurre car elle ne se fait pas, les Gantois s'étant arrêtés à Roulers à quelques kilomètres d'Ypres.
Thierry, seigneur de Bitche en Moselle revendique le comté. Dans le même temps, Arnould, qui est également informé, revient une nouvelle fois à St Omer. On sait également que le jeune Baudoin de Mons est soutenu par les bourgeois d'Arras.
Voici le comte écartelé entre plusieurs prétendants :
Thierry se manifeste dans l'est du comté, Baudoin au sud et Arnould à l'ouest.
Le jeune Baudoin ne représente pas encore une menace, Arras n'est qu'à quelques encablures du Vermandois tenu par un cousin de Louis le Gros. Pour Guillaume, le danger immédiat c'est Arnould, trop près des comtés de Boulogne et de Guines tenus par des alliés du roi Henri. Quand il en aura fini avec celui-ci, il sera temps d'en finir avec Thierry et les comtes renégats que sont Iwan et Daniel.
Le 21 mars, Guillaume assiège St Omer avec des forces considérables et le 22 mars, Arnould qui n'a pas eu la possibilité de fuir se refugie dans l'église abbatiale de St Bertin. ALors que les hommes de Guillaume allaient mettre le feu à l'édifice religieux, Guillaume s'y refuse, et gagnera dès lors les coeur des habitanst de st Omer. Arnould est contraint à se rendre et renonce publiquement devant tous au comté.
Le comte laisse partir son malheureux adversaire vers le comté de Boulogne, sans doute les mercenaires qui entouraient Arnould se sont ralliés au comte Guillaume, car il ne représente plus un danger aux yeux de celui-ci.
Guillaume installe ses troupes dans une zone comprise entre Torhout et Ypres, en territoire où la noblesse est derrière lui et marche sur St Omer. Le châtelain de Bruges, Gervais, semble un homme honnête, son action l'année précédente l'a légitimé, aussi après que celui-ci lui ait conduit un contingent à Turhout, Guillaume le laisse regagner Bruges.
Au même moment, Gervais ne parvient pas à contrôler les bourgeois de Bruges qui décident de fermer les portes de la cité à leur comte.
Le 24 mars, Cliton dispose ses hommes dans les cités qui lui sont fidèles et détache sans doute des effectifs à chacune de ses haltes, Ypres, Torhout , Aalter, et se rend à Maldegen, après, peut être, une tentative de rentrer à Bruges. Quelques cités au nord de Bruges entrent également en rebéllion .
Le 25 mars, Gervais de Praet, sans doute informé de l'arrivée imminente de Thierry vers Bruges, se rend à Maldegen et conseille à Guillaume de se replier un peu plus au sud.
Arnould réapparait le long de la cote, le même jour, il arrive à Furnes. Il s'arrêtera là semble t'il, car Thierry arrivera à Bruges le lendemain, 26 mars.
En effet alors que Gervais tente, une nouvelle fois, de rallier les bourgeois de Bruges à leur comte en se rendant au camp de Guillaume à Ypres, ceux-ci en profitent pour faire entrer Thierry dans Bruges.
Le 27 mars, Thancmar, fidèle allié du comte Guillaume brûle de fond en comble sa maison forte et se replie dans la zone tenue par le comte légitime, il sera ensuite de tous les coups durs et raids lancés sur les forces de Thierry autour de Bruges.
Pour les insurgés, la situation n'est pas claire, les bourgeois s'étonnent que Iwan et Daniel qui ont amené Thierry ne lui ait pas rendu hommage. Ils sont dans l'expectative, ne voulant pas déplaire au roi d'Angleterre qui a arrangé des fiancailles entre Arnould et la fille de Godefroi de Brabant.
Cependant sous la pression des bourgeois et peut être sans nouvelle d'Arnould qui n'est pas parvenu à Bruges dans les temps, ils rendront hommage à Thierry le 30 mars, un an jour pour jour de l'anniversaire de l'hommage qu'ils avaient rendu à Guillaume.
Gervais se sent floué, mais sa famille est restée à Bruges. Alors que depuis plusieurs semaines il a cherché à concilier Brugeois et comte de Flandre. Aussi, le 2 avril, Gervais quitte brusquement Guillaume, rejoint Bruges et se met au service de Thierry pour conserver son rang.
La reconquête du comté par un chevalier de valeur.
En fait Guillaume va s'appuyer sur la zone qu'il contrôle, Torhout et Ypres sont protégées par les forteresses de Tielt et de Wingene et St Omer s'est ralliée, il tient une partie centrale, et sa préoccupation sera de ne pas se disperser. Il fait libérer son premier concurent, Guillaume d'ypres qu'il sait bon capitaine.
Guillaume d'Ypres à la charge de contrôler Courtrai.
Thierry d'Alsace tente un coup de force, les 10 et 11 avril, sur des cités fidèles au comte, il attaque Oudenburg, Jabbeke et Gistel, en vain. On se battra dans les cités voisines de Bruges ainsi pendant plusieurs jours.
Guillaume attend une première faute de Thierry. Il a bien assimilé qu'au début de la crise, c'était lui qui parcourait beaucoup de chemin, Il n'attendra pas longtemps, Thierry quitte Bruges pour Lille le 23 avril,pendant que la route de Lille lui semble encore ouverte. Il atteint Lille le 24 ou le 25 avril, sans doute pour recruter les forces qui lui manque au nord, mais pour se faire, il a dégarni des troupes qu'il tenait à Bruges.
Est ce aussi une erreur d'interprétation, il descend sur Lille au moment ou Guillaume rejoint Louis le Gros à Compiègne.
Thierry parti, Les partisans de Guillaume, Lambert de Wingene et Thancmar, lancent vers le 25 avril, une attaque sur les faubourgs de Bruges, raid éclair, et brûlent à Beernem la maison forte d'un allié de Thierry.
Tous ces faits font penser à une action concertée. A Compiègne, Louis et Guillaume ont eu le temps d'élaborer un plan.
Louis ne peut monter aider Guillaume en Flandre parce qu'il est occupé en royaume de France (Henri, par alliés interposés, lui créé quelques problèmes) et aussi pour deux autres choses :
- laisser à Guillaume qu'il sait bon militaire avec de l'expérience le soin de résorber la crise.
- montrer au peuple de Flandres qu'il n'intervient peu dans les affaire du comté.
Néanmoins, il peut aider. Les deux hommes rencontrent Simon, évêque de Noyon, cousin du roi Louis. Celui-ci excommunie Thierry et ses partisans, plus aucune messe ne doit être dite sur le territoire de l'évêché. Cette décision est tout de suite propagée à Gand et dans tout le diocèse. Les bourgeois de Gand sont tellement sous le choc que le 2 mai, la garnison du château qui, encerclée, était restée fidèle à Guillaume tente une sortie, détruit des machines de siège et brûle quelques maisons.
Louis le Gros arrive cependant à Arras le 6 mai. Le 9 mai Conon, frère de Walter de Vladslo qui avait fait allégeance à Thierry, se rallie à Lambert de Wingene. Est ce le signe que l'excommunication provoque des remords, les chroniqueurs ne nous disent rien sur les relations entre les deux frères qui sont seigneurs de Vladslo et d'Oudenburg.
Le 15 mai, Louis le gros entâme le siège de Lille, au même moment autour de Bruges les combats font rage
Gervais, châtelain de Bruges fait une sortie sur Wingene, Guillaume le lendemain attaque Oostkamp dans le dos des hommes de Gervais.
Le samedi 19 mai, Louis le Gros, relache son étreinte autour de Lille, mais cela ne libère pas Thierry pour autant, dans les semaines qui suivent, il doit se rendre dans la région de Gand pour mâter des foyers de rebéllion.
Guillaume augmente de plus en plus son emprise sur Bruges. Les 29, il entre dans les faubourgs et dans la cité de Bruges, sans en atteindre le quartier du château.
La situation à Bruges semble alors incertaine, car Arnould arrive à Bruges le 30 Mai. C'est la dernière action de ce personnage que nous trouvons, sans lendemain. Si Gervais et les bourgois de Bruges l'ont accueillit, son effectif est sans doute trop réduit pour qu'il puisse faire le poids au retour de Thierry. Les jours qui suivent et qui sont crucials dans le revirement des rapports de force, nous sont complétement inconnus, les chroniqueurs ne mentionnent pas comment Arnould, neveu de Charles le Bon, disparaît du conflit au profit de Thierry qui rentre à Bruges le 10 juin "après avoir soumis les villages des environs de Gand".
On sait seulement qu'arnould n'est pas mort, car il sera signataire d'une charte, trois ans plus tard.
On ne connait rien de cette période cruciale (30 mai - 10 juin), si ce n'est que les alliances basculent, en effet, le 12 juin, un allié d' Arnould, Godefroi duc de Brabant est du coté de Guillaume.
Le 12 juin, des combats ont lieu simultanément dans la région de Bruges, car profitant que Thierry quitta Bruges pour soit soulager la contrée d'Oostkamp des attaques des partisans de Guillaume, soit pour aller au secours de Walter de Zomergen aux prises avec les hommes de Guillaume que Thancmar et ses neveux pénétrèrent une nouvelle fois dans Bruges dans un quartier proche du château, Gervais intervint et fit prisonnier Walter, un des neveux de Thancmar. Thierry ayant vu les fumées de l'incendie fit demi tour et le seigneur de Zomergen fut fait prisonnier. Le même jour, dans l'est du pays, à Ruppelmonde Daniel et Iwan capturait cinquante chevalier de Godefroi.
Encore une fois, Thierry est tiraillé sur plusieurs fronts, ses deux principaux lieutenants sont à la frontière avec le brabant quand il perd les cité d'Aalter et de Zomergen car tout l'ost de Walter de Zomergen est fait prisonnier.
Vers le 15 juin, Thierry quitte Bruges pendant qu'il en est encore temps, et longe la cote nord de la Flandre pour se rendre à Gand, on apprend cela par Galbert qui écrit : " Les 18 et 19 juin, le comte Thierry se rendit à Gand avec le comte Frédéric et il assembla une armée extraordinairement nombreuse qu'il tira d'Axel, de Boechoute, du pays de Waas et des environs. Il apporta aussi des machines de jet pour détruire ... les places fortes de ses ennemis. Il s'approcha de Tielt avec une armée considérable et assiégea la maison du chevalier Folket."
Sur la carte ci dessus nous avons tenu compte des temps de chevauchée et déplacement d'un Ost, et avons estimé le départ de Thierry vers le 15 juin, mais c'est peut être dès le lendemain de la perte de Zomergen, avant que Bruges ne soit totalement encerclée. Il monte par la cote pour plusieurs raisons :
1) Pour éviter les surprises que la route directe vers gand pourrait lui réserver.
2) Pour recruter des bataillons supplémentaires, à ce sujet, recruter des hommes dans un diocèse qui n'est pas frappé d'excommunication est plus facile.
3) Le duché de Hollande est tout proche et sa soeur peut envoyer des renforts par les ports de la côtes.
Sans doute aussi, Daniel le rejoint au nord-est de Gand vers le 18 juin, mais sans Iwan, obligé de rester entre Ruppelmonde et Alost car les troupes de Godefroi le harcèle.
On ne sait rien du comte Frédéric, les éminents spécialistes de l'histoire de la Flandre ne l'ont pas identifié, peut être a t'il été comte trop peu de temps, car il est désarçonné dès la bataille suivante et n'apparaît plus dans les écrits.
Le 20 juin, thierry reçoit en renfort l'ost de Gervais, c'est à Tielt que semble t'il le sort du comté va se jouer.
Les armées de Thierry assiège le chevalier Folket le 20 juin. L'objectif de Thierry est peut être de s'ouvrir la route d'Ypres car des bourgeois de la ville ont fait savoir qu'ils lui seraient favorable, c'est aussi tenter de couper en deux la zone tenu par Guillaume.
Doublement vainqueur, Guillaume Cliton perdit cependant son comté.
Le 21 Juin, Guillaume arrive du nord en contournant Tielt pour arriver au sud de la cité où il prend place sur le seule colline de la contrée.
Guillaume a combattu de nombreuse fois et se rappelle sans doute la bataille de Brémules qu'il perdit au coté du roi de France, car il prend la même tactique que les vainqueurs de l'époque, simulant la fuite, il entraîne derrière lui ses adversaires.
Les troupes de Thierry se débandent et Thierry et Daniel n'ont de salut que dans la fuite. Thierry rentre à Bruges à minuit, le moral dans la cité est au plus bas, Plusieurs processions religieuses ont lieu à Bruges.
Guillaume attaque une nouvelle fois Oostkamp ou Thierry s'est aventuré, après six jours de siège, il lève le camp. On peut penser que suite à ce dernier siège, Thierry parti directement d'oostkamp à Gand, car seuls Gervais et Daniel sont cités encore dans la cité. Daniel présent à Bruges le 11 juillet, devant suivre son maître d'une journée.
On peut le penser aussi car Iwan, a de plus en plus de mal à protéger sa cité d'Alost, assiégée par Godefroi de Louvain, duc de Brabant.
Le 12 juillet Daniel et Thierry se ruent ainsi au secours d'Iwan, et se retrouvent, à leur tour, cernés dans le château de la ville, château protégé par la Dendre.
Le siège s'éternise, la cité est tombée, seul le château résiste.
Nous quitterons ici les écrits de Galbert de Bruges pour ceux d'Orderic Vital, alors que des soldats de Thierry tentent une sortie sur un gué, Guillaume intervient lui même. Avec ses compagnons, il disperse ses adversaires. C'est alors que :
" le duc, témoin de ce mouvement, saisit la lance d'un fantassin qui se trouvait devant lui, et par accident, se piqua dangereusement l'artère du bras avec le fer ...Ainsi blessé grièvement, il se retira, montra sa blessure à ses amis, se plaignit de ce qu'il souffrait jusqu'au cœur et peu après, fut forcé de se mettre au lit...Il fut malade pendant cinq jours. Repentant de ses crimes, il demanda l'habit monastique ... et mourut.
Les autres personnes de la maison du duc Guillaume, qui lui avaient toujours été fidèles, cachèrent aux flamands et à tous les étrangers la blessure mortelle qu'avait reçue leur jeune maître, et , par la vigueur de leurs attaques, forcèrent la garnison à se rendre.
Euven (Iwan) qui commandait la plce, entra en négociation et donnant des otages, signa la paix. Alors les normands le conduisirent à la tente du duc, et lui montrèrent fort affligés leur maître mort étendu : "Vous pouvez voir, dirent ils , ce que vous avez fait. Vous avez tué votre maître, et causé la douleur d'innombrables milliers d'hommes" ce que voyant Iwan se mit à trembler, et dans sa vive douleur, versa des torrents de larmes. Hélie ajouta "Cessez, je vous en prie, désormais vos pleurs sont inutiles. Faites armer vos chevaliers et faites conduire honorablement le corps de votre duc à Saint Bertin."
Guillaume Cliton, le vainqueur laissa ainsi,
le cinquième jour des Calendes d'août (28 juillet)
le comté de Flandre,
terrassé non par son adversaire
mais par le feu sacré (la gangrène).
il fut inhumé en recevant les honneurs
dûs aux comtes de Flandre
à Saint Bertin,
au coté du comte Robert le Frison.
Thierry d'Alsace, le vaincu
devint comte des flamands
et se lia avec Louis, roi des Français
et avec Henri, roi des Anglais...
Bruges - Brugge
" Pas possible ! " s’écrieront les puristes et certains archéologues pointilleux. Pourtant il fallait bien se mouiller pour représenter la ville. Avec l’aide de deux plans pris dans deux livres différents :" Le meurtre de Charles le Bon" par Galbert de Bruges sous la direction de R. C. Van Caenegem, éditions Fonds Mercator – Anvers 1978 et " Histoire du meurtre de Charles le Bon " par Galbert de Bruges introduction et notes de Henri Pirenne, Alphonse Picard éditions - Paris 1891, nous avons pu consulté deux cartes de Bruges pour cette époque et également les plans et photos de maquette de l’église St Donatien d’après les fouilles de J. Mertens et L. Devliegher de 1955.
Sources anciennes, il est vrai mais les diverses consultations par courriel auprès des musées et bibliothèques de la ville, n’ont pas obtenues de résultat, sans doute la barrière de la langue, et des personnes qui n’ont pas transmis nos demandes à ceux qui aurait pu nous informer.
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Pour pouvoir dessiner et bâtir le scénario de "Mort en Flandre, il était essentiel de bien visualiser Bruges à cette époque.
Quand il évoque le bourg, Galber écrit le château, voici quelques extraits :
Le pieux comte était agenouillé en prières à Bruges dans l'église St Donatien...Aussitôt après avoir tué le comte...les hommes d'épée, laissant dans la tribune le cadavre du comte partirent attaquer ceux de leurs ennemis ...alors que ces ennemis erraient çà et là dans le château... (chap. 15 et 16)
Le Vendredi 4 mars...les chanoines et le prévôt se réunirent dans l'église St Pierre hors des murs du château... (chap. 23) Le 8 mars, Gervais s'approcha du château où s'étaient rétranchés les traîtres. En encerclant la place forte, il les empêchait de sortir...Nos bourgeois...allaient et venaient encore parmi eux. (chap. 27)
Lorsque les bourgeois eurent connaissance du traité conclu avec Gervais, ils s'élancèrent par le pont du château contre ceux qui, en faveur des traitres, continuaient à le défendre. Sur un autre pont qui menait à la maison du prévôt une grande mêlée eut lieu... Sur un troisième pont situé du côté oriental du château et qui allait jusqu'à ses portes se livra une bataille...(chap. 28)
le jeudi 17 mars, les chanoines de l'église St Donatien, escaladèrent les mur du côté sud du château, Ils firent passer les reliquaires et transportèrent à l'église St Christophe...(chap.35). L'église St Donatien se dressait, ronde et haute (chap. 37) ... alors une grande foule d'assiègeant se précipita dans le château ... Quand les bourgeois eurent compris que les assiégés voulaient leur résister devant les portes de la maison du comte, ils montèrent les escaliers qui menaient à ces portes, les mirent en pièces, s'élançant sur leurs adversaires, ils les poursuivèrent à travers la
maison jusqu'au passge par lequel le comte avait coutume d'aller de chez lui à l'égise St Donatien. Dans ce passge, vouté et construite enpierre; eut lieu un combat très violent...Les traîtres s'étant réfugiés dans l'église, les bourgeois ne continuèrent pas leur poursuite. (chap.41)
Les assiègés montés sur la tour de l'église, lancèrent d'énormes pierres sur ceux qui couraient dans le chât-eau... ils jetèrent des flammes sur le toit de l'école qui jouxtait l'église, voulant ainsi brûler la maison du prévôt dont ce même toit était voisin. (chap 42)...ils pénétrèrent par la porte de l'église donnant sur le cloitre et chassèreent les assiègés deouis le bas de la nef jusque dans la tribune ...(chap. 43)
Le jeudi 14 avril, le bélier construit pour percer le mur de l'église fut transporté dans le dortoir des chanoines... Le bélier avait fait la brêche...ils se lancèrent tous ensemble ... une grande clameur s'éleva du côté des fuyards, ces hommes abominables avaient quitté la brêche ainsi que les portes et poste de défense et , grimpant dans la tour pour s'y défendre, ils résistaient dans les escaliers. (chap.62).
Pour nous aider dans cette reconstitution, deux plans et le descriptif de l'église (voir ci-dessous), l'un donnait plus de détails sur la disposition de certains batiments,
Plan tiré du livre "histoire du meutre de Charles le Bon, par Henri Pirenne
Picard éditeur 1891.
tiré du livre "Le meutre de Charles le Bon, Galbert de Bruges, traduit par J. Gengoux - Etudes topographique de Luc Devliegher - ed. Fonds Mercator -Anvers 1978.
l'autre nous donnait des précisions sur la forme de l'église.
Il nous restait à dessiner une vue perspective qui servirait de base à toutes les planches qui suivraient...
Ci dessus rotation symétique
du dessin de Darvil
Si nous avions bien perçu la forme de l'église au début de la conception de l'ouvrage, nous n'avions pas saisi la topographie des lieux.
Une fois la disposition des bâtiments connus, en voir certains détail , c'est ainsi qu'on comprend que le premier étage de la maison du comte communique par un pont galerie aux tribunes de l'église...
La prise de l'église s'est donc faite en trois temps (un mois de résistance tout de même) , la prise du rez de chaussée par le cloître, la prise des tribunes par le dortoir des moines, enfin la reddition des assiégés réfugiés dans la tour (le bloc au dessus du portail principal muni de deux tourelles).